Le journal du Médoc - Vendredi 11 mars 2011

BlogsMollat.com - Vendredi 27 août 2010

Haute Gironde - Vendredi 20 août 2010

Le journal du Médoc – Vendredi 11 mars 2011

« Cussac en scène » par Renée Poufaucon

Samedi 5 mars, minuit, dans la salle polyvalente transformée en théâtre d’ombres. À pas feutrés, en l’absence de tout rideau, vingt comédiens envahissent la scène en quelques secondes et forment un demi-cercle devant près de 130 spectateurs, soit la jauge du théâtre. Quand les projecteurs se rallument, pendant quelques secondes, rien ne se passe. Un peu flageolants, comme assommés par ce qu’ils viennent de vivre, les spectateurs se lèvent un à un, les applaudissements éclatent et c’est enfin une « standing ovation » qui remercie les acteurs de ce drame qu’ils viennent de vivre en un direct différé de quatre-vingts ans.

Ovation pour le « Méphisto » d’Ariane Mnouchkine, d’après le roman de Klaus Mann, racontant la vie d’un groupe d’intellectuels allemands pendant la montée du nazisme. Ovation pour la Compagnie l’œil de la Percée, dont les comédiens professionnels et amateurs auront tenu la scène pendant trois heures non-stop, changeant les décors eux-mêmes en quelques secondes, à raison de neuf plateaux et autant de changements de costumes. Ovation pour Jean Marc Druet, acteur et metteur en scène.

Lorsque, le calme revenu, celui-ci remerciera tous ceux qui ont rendu cette opération possible, dont les Chantiers Théâtre de Blaye et de l’Estuaire, le Conseil Général, l’Iddac, il insistera sur le rôle de la commune de Cussac Fort Médoc, qui a soutenu son maire Dominique Fédieu dans le choix qu’il avait fait d’accueillir troupe et spectacle pendant près d’une semaine de préparation, débouchant sur une représentation unique mais qui fera date.

C’est semble-t-il aussi le sentiment du directeur des Chantiers Théâtre Jean-François Prévant, rayonnant à l’issue de la représentation. De la part des spectateurs interrogés on entend : « époustouflant », « inquiétant », « terrible » et même « C’était très bien quand même ! » de la part d’un couple égaré croyant avoir affaire à une pièce de boulevard…

Dominique Fédieu qui avait un temps hésité entre un « Sganarelle » et « Méphisto », se frotte les mains. Les comédiens l’ont même remercié pour la qualité d’écoute du public. Certes, tous les spectateurs n’étaient pas du village, mais un jour viendra où tout Cussacais trouvera son compte dans la vie culturelle locale.

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Ecrit le vendredi 27 août 2010 dans la rubrique « Hors les murs, bonheur du jour …»

Il valait mieux être muni d’une carte ou d’un GPS et relativement motivé pour assister à l’une des représentations du Festival Les Chantiers de Blaye hier soir. En effet, c’est le chemin de Saint-Christoly-de-Blaye qu’il fallait trouver, afin de pouvoir grossir les rangs des spectateurs déjà nombreux réunis dans la salle Vox pour apprécier le Méphisto de Klaus Mann dans son adaptation réalisée par la grande Ariane Mnouchkine en 1979, et ici mis en scène par Jean-Marc Druet et Catherine Andrault.

Pour ceux d’entre vous qui ne connaissent pas ce texte, il s’agit de l’examen des réactions du peuple allemand face à la montée en puissance du nazisme (pendant la décennie qui précède l’arrivée au pouvoir de Hitler en 1933) par le prisme d’un microcosme clairement identifié - une compagnie de théâtre baptisée L’Oiseau de rage. Tandis que les personnages se positionnent peu à peu sur l’éventail des attitudes possibles face à l’émergence d’un régime totalitaire, allant du suicide à la collaboration en passant par la fuite et l’attentisme, c’est le destin d’un homme en particulier qui retiendra notre attention. Hendrick Höfgen réalisera en effet un grand écart idéologique surprenant, passant brutalement du communisme au national-socialisme, formidable retournement de veste que celui de ce caméléon politique dont le seul objectif dans la vie est le succès sur les planches. Pour la petite histoire, notons que Klaus Mann s’était inspiré d’un homme bel et bien réel pour dessiner les contours de cet arriviste criant - son beau-frère, qui répondait au nom de Gustaf Gründgens. Si cette pièce soulève des questions éminemment universelles, telles que le rapport entre l’art et le pouvoir, la dictature, la propagande, la faiblesse humaine, elle aborde également des problématiques plus proprement liées au théâtre. Elle permet en effet de réfléchir à différentes conceptions de la création théâtrale (représentation de la réalité vs. distraction pure, engagement politique vs. neutralité, etc.), et ce par le biais d’une mise en abyme pour le moins manifeste.

Pour autant, plus que l’intérêt du texte de Klaus Mann, c’est avant tout l’efficacité de cette représentation que l’on aimerait souligner ici. Menée tambour battant par des acteurs prometteurs et surtout portée par la performance remarquable de Pierre Eyquem dans le rôle de Hendrick Höfgen et de Mathilde Maumont, qui incarnait Erika Brückner, cette représentation fut une véritable réussite. Qui plus est, grâce au rythme insufflé par la succession de tableaux plus ou moins courts et à la ponctuation que constituaient une savante sélection d’extraits musicaux, dont certains empruntés à Beethoven et à Chopin, tout juste s’est-on rendu compte à la sortie que trois heures venaient de s’écouler. C’est au prix de dix-huit mois de répétition que cette troupe composée d’une vingtaine d’acteurs est parvenue à un tel succès, nous a-t-on confié à l’issue de la soirée. Et ce n’était pas en vain : la salle était comble ! Pour ceux d’entre vous qui n’ont pas pu se déplacer hier soir, sachez que deux autres représentations auront lieu d’ici la fin de l’année (la première à Marcillac le 16 octobre et la seconde à Saint André de Cubzac le 20 novembre), alors à vos tickets !

F.A.

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Haute Gironde – Vendredi 20 août 2010

Marie-France Calderon

Une histoire vraie dans une période de mensonges

Adapté par Ariane Mnouchkine du roman écrit par Klaus Mann en 1936, Méphisto raconte l’itinéraire de différents personnages, presque tous des gens de théâtre, face à la montée du nazisme entre 1923 et 1933. Au théâtre de Hambourg, Hendrick Höfgen joue Méphisto. C’est un acteur promis à un bel avenir. Sa ressemblance avec Gustav Gründgens, grand comédien de l’Allemagne de l’entre-deux-guerres devenu enfant chéri du régime national socialiste, est tellement frappante qu’elle a valu la suspension du roman pendant un certain nombre d’années. D’autres personnages de la pièce ont réellement existé, Erika la femme de l’acteur Hendrick, qui était aussi dans la réalité la sœur du romancier, le père d’Erika et du romancier, des comédiens, le directeur du théâtre, sa femme et aussi le cabaret révolutionnaire appelé « L’Oiseau d’Orage » dans la pièce et qui existait à Munich sous le nom du « Moulin à poivre ».

Des rôles sur mesure

Mathilde Maumont est comédienne professionnelle. Elle a fondé en 2004 la Compagnie Imagine où elle interprète les spectacles qu’elle écrit. Elle chante et joue du piano. C’est sans doute parce qu’elle réunit ces trois talents qu’elle a été choisie par Jean-Marc Druet pour le rôle d’Erika. «  J’aime beaucoup ce qui est cabaret, clown, farce, que l’on retrouve dans le cabaret révolutionnaire mais c’était aussi une belle occasion de jouer l’autre facette du personnage plus dramatique. Erika est une femme pleine d’énergie qui fonce. Elle est très juste, ytès droite et va jusqu’au bout de ses convictions. Ce qui me touche, c’est qu’elle a existé. Elle a une relation très ambiguë avec son frère, c’est un peu un ménage à trois, elle a aussi une relation homosexuelle. » C’est Erika qui a fondé le cabaret révolutionnaire et elle n’hésitera pas à l’emmener avec elle à l’étranger pour échapper aux nazis. Comme son personnage, Mathilde Maumont est aussi pianiste et elle a écrit la musique de la chanson «Le prince du pays des mensonges » qui est chantée par Sylvie Destrait. « Un grand plaisir ce petit moment de cabaret », confie Mathilde qui a apprécié de jouer avec Sylvie. Sylvie Destrait fait partie des artistes amateurs de la troupe. La jeune femme exerce le métier de professeur des écoles dans le Blayais et mène en parallèle une activité artistique de chanteuse de variétés avec quelques coupures où elle revient au théâtre amateur. Jean-Marc Druet lui a confié le rôle de Myriam qui est la femme du directeur du théâtre de Hambourg et qui est aussi comédienne et chanteuse au cabaret révolutionnaire. « Myriam est une femme qui vit son métier à fond et voit la politique de loin. Au début elle ne comprend pas. Mais c’est une femme de caractère qui a de l’humour, ce qui va l’aider à vivre cette période. C’est aussi une très belle histoire d’amour. »

La Cape 5, une aventure humaine.

Les Chantiers Théâtre de Blaye et de l’Estuaire ont confié la mise en œuvre de la 5ème création annuelle des pays de l’estuaire à Jean-Marc Druet, comédien et directeur artistique de « L’œil de la Percée », autour du projet « Méphisto », vingt comédiens, tous issus du territoire, se sont retrouvés sur un même plateau, neuf professionnels et onze amateurs. Les répétitions ont duré un an à un rythme très soutenu. Sylvie Destrait reconnaît : « Au départ, j’ai eu peur d’un projet aussi lourd en raison du temps à investir mais ça s’est passé sans effort car c’était bien organisé. Il y a eu symbiose entre les vingt. Les professionnels n’ont jamais fait ressortir la moindre différence. C’est une belle réussite. Ce qui a été difficile, c’était de jouer et de gérer aussi la mise en place des décors sur le plateau. » Ce que confirme Mathilde Maumont : « Une véritable ruche en coulisses. Cela demande beaucoup de concentration et d’être attentif à l’autre. Il y a vingt deux scènes à installer, ce qui nécessite un filage technique. » Mais pour la comédienne professionnelle, ce qui est nouveau et exceptionnel, c’est de se retrouver si nombreux sur scène car pour des raisons économiques, ç a ne se voit plus depuis longtemps. Emballée par le côté fantastique du projet, la comédienne conclut : « Si le thème est grave, c’est un plaisir de se retrouver. Tout le monde est au service de la pièce et des autres. C’est un plaisir démultiplié. »

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